Itinérance : humaine compassion
Tu apparus
Si frêle
Au cœur de la nuit fraiche
Presque nue
Dans cette jupe
Et sous ce chemisier de transparence
Lors
Que la brise
Jouait avec la buée
De nos respirations
Les grilles noires
D’une gare
Et leurs barreaux glacés
Un quartier
En exil de ville
Proche
Les eaux endormies
Du port
L’immense lueur phosphorescente
Des quais
Où
S’agitait
La foule
Promises
Aux étés d’outre hémisphère
Tu marchais
Par dessus l’abime
Tel un rêve
Sur le fragile miroir
D’une glace éphémère
Tu glissais
Comme
Une goutte de musique
Et sous tes pas
S’approchait
En même temps
Que toi
Ton reflet
De cristal argenté
Qui m’emporta
Qui m’attrapa
Qui nous plaqua
Contres les grilles
Et nous enchaîna
Bêtes haletantes
Et gémissantes
Qui mit feu
A nos yeux
Et nous envoya
Sans rémission
En pays de perdition
Peut-être
Que je funambulais
Moi-même
Par-dessus les gouffres
Peut-être
Seuls nos reflets
Se commirent
Cette nuit là
Sous l’étoile d’hiver
Plus tard j’irai
Souvent
Traîner
Le long de ces grilles
Respirer
Le spectre
De ton haleine
Embaumée
Plus tard
Les sirènes
Du port
Retentiraient
Tel
Un glas funéraire
Tout empreint
D’humaine compassion