Itinérance : humaine compassion

Publié le par Serghe Fiyo

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Tu apparus

Si frêle

Au cœur de la nuit fraiche

 

Presque nue

Dans cette jupe

Et sous ce chemisier de transparence

Lors

Que la brise

Jouait avec la buée

De nos respirations

 

Les grilles noires

D’une gare

Et leurs barreaux glacés

Un quartier

En exil de ville

 

Proche

Les eaux endormies

Du port

L’immense lueur phosphorescente

Des quais

S’agitait

La foule

Promises

Aux étés d’outre hémisphère

 

Tu marchais

Par dessus l’abime

Tel un rêve

Sur le fragile miroir

D’une glace éphémère

 

Tu glissais

Comme

Une goutte de musique

 

Et sous tes pas

S’approchait

En même temps

Que toi

Ton reflet

De cristal argenté

 

Qui m’emporta

Qui m’attrapa

Qui nous plaqua

Contres les grilles

Et nous enchaîna

Bêtes haletantes

Et gémissantes

 

Qui mit feu

A nos yeux

Et nous envoya

Sans rémission

En pays de perdition

 

Peut-être

Que je funambulais

Moi-même

Par-dessus les gouffres

 

Peut-être

Seuls nos reflets

Se commirent

Cette nuit là

Sous l’étoile d’hiver


 

Plus tard j’irai

Souvent

Traîner

Le long de ces grilles

Respirer

Le spectre

De ton haleine

Embaumée 

 

Plus tard

Les sirènes

Du port

Retentiraient

Tel

Un glas funéraire

Tout empreint

 D’humaine compassion

Publié dans Itinérance

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